Le microbiote intestinal est un acteur bien plus important qu’on ne le pense.
Composé de milliards de micro-organismes, il joue un rôle dans notre digestion, mais aussi dans notre système immunitaire, notre humeur et même notre santé mentale. En étudiant les interactions complexes entre ces micro-organismes et le corps humain, on comprend à quel point il est important d’avoir un microbiote équilibré pour se sentir bien dans sa peau.
Qu’est-ce que le microbiote intestinal et comment influence-t-il notre santé ?
Écosystème complexe, le microbiote intestinal regroupe entre 10 puissance 12 et 10 puissance 14 micro-organismes : bactéries, virus, champignons, archaea…
Chacun a sa place et son rôle à jouer dans la bonne santé de l’intestin. Si la composition du microbiote varie d’un individu à l’autre — on estime qu’environ 15 à 20 espèces sont communes à l’homme — il est cependant essentiel que chaque catégorie soit représentée. En effet, la diversité de ces micro-organismes contribue à une fonction intestinale équilibrée : moins il y a de variété, plus les risques de présenter un déséquilibre (dysbiose) sont importants, avec des conséquences sur l’ensemble de l’organisme.
La manière dont se constitue le microbiote intestinal dépend de nombreux facteurs : alimentaire (type d’alimentation), environnementaux (pollution), physiologiques (mode d’accouchement) ou anatomiques (malformations).
L’âge et la génétique jouent également un rôle.
Ainsi, un régime alimentaire riche en fibres va favoriser le développement de certaines bactéries bénéfiques comme les bifidobactéries ou les lactobacilles qui aident à digérer certains aliments et à lutter contre les micro-organismes pathogènes. À l’inverse, une alimentation riche en sucres et en graisses saturées va permettre aux bactéries pro-inflammatoires de proliférer conduisant ainsi à des pathologies inflammatoires ou métaboliques.Dès la naissance, le microbiote intestinal est influencé par la flore bactérienne maternelle au moment de l’accouchement (voie basse ou césarienne), son mode d’alimentation (allaitement maternel ou lait industriel) ainsi que par son environnement. Les traitements médicaux peuvent également troubler sa composition sur du long terme comme c’est le cas avec les antibiotiques qui détruisent non seulement les bactéries pathogènes mais aussi celles bénéfiques au bon fonctionnement de l’intestin.
Certaines études ont démontré que les déséquilibres du microbiote pouvaient contribuer au développement d’affections telles que certaines maladies gastro-intestinales, neurologiques, métaboliques ou encore mentales. Mais ce n’est pas tout : outre son influence sur notre humeur ou notre psychologie via l’axe intestin-cerveau, il régule plusieurs mécanismes essentiels au bon fonctionnement de notre organisme : synthèse des vitamines B1-B2-B3-B5 -K-, métabolisme des acides gras – propionate pouvant inhiber la fonction hépatique -, régulation des hormones comme par exemple la leptine qui contrôle les sensations de faim et de satiété.Ke projet « Le French Gut » a été lancé en France pour cartographier tous les microbiotes présents sur le territoire afin d’étudier leur influence sur divers paramètres choisis.
Le rôle du microbiote dans la santé physique et immunitaire
Non seulement le microbiote intestinal est-il indispensable aux fonctions digestives, mais il joue également un rôle majeur dans les fonctions métaboliques, immunitaires et neurologiques. Il participe à des processus métaboliques fondamentaux tels que la fermentation ou encore la production de vitamines comme la vitamine K ou les vitamines B.
Dès notre naissance, il va éduquer notre système immunitaire en lui apprenant à différencier les micro-organismes « amis » des potentiellement « ennemis ». C’est cette interaction qui va favoriser le développement de l’immunité intestinale et assurer la protection contre les pathogènes.
Des études ont démontré que certaines bactéries du microbiote intestinal pouvaient stimuler la production d’anticorps et renforcer les barrières épithéliales intestinales pour se défendre contre les infections. Les métabolites produits par ces bactéries, notamment les acides gras à chaîne courte, jouent un rôle clé dans la régulation de l’inflammation et des réponses immunitaires. Un déséquilibre du microbiote (dysbiose) a été associé au développement de maladies auto-immunes, de maladies inflammatoires chroniques (comme la maladie de Crohn), ainsi qu’à l’obésité et au diabète.
Avoir un microbiote favorable est aussi lié à une meilleure gestion du poids et à une diminution du risque de développer des maladies métaboliques comme le diabète de type 2. De nombreuses études montrent que les bactéries intestinales influencent le métabolisme énergétique, la sensibilité à l’insuline voire même l’humeur ! Il est donc important de sensibiliser à l’alimentation variée et riche en fibres, ainsi qu’à l’utilisation de probiotiques pour maintenir un microbiote diversifié et sain. Voici quelques bénéfices d’un microbiote équilibré :
- Une digestion optimale et une meilleure absorption des nutriments.
- Une réponse immunitaire efficace face aux infections.
- Une inflammation systémique réduite.
- Une santé mentale améliorée grâce à la production de neurotransmetteurs.
- Une prévention des maladies métaboliques et cardiovasculaires.
En conclusion, prendre soin de son microbiote intestinal est essentiel pour optimiser sa santé. Adopter une démarche proactive incluant une alimentation saine et équilibrée ainsi que des probiotiques peut grandement contribuer au maintien d’une communauté microbienne dynamique et bénéfique.
Le rôle du microbiote dans la santé mentale et neurologique
Le lien entre le microbiote intestinal et la santé mentale, qualifié d’axe intestin-cerveau, est un champ de recherche en plein essor.
Le stress agit sur la perméabilité intestinale et peut à ce titre perturber le microbiote et son rôle dans la régulation de l’appétit et du poids. Les scientifiques ont mis en évidence que le microbiote pouvait influencer l’humeur et le comportement par la modulation de neurotransmetteurs comme la sérotonine, dont une grande partie est produite au niveau intestinal.
La communication intestin-cerveau associée aux signaux de satiété a aussi un impact important sur l’humeur et le comportement. Des études épidémiologiques ont démontré des liens entre la diversité microbienne et les troubles mentaux (anxiété, dépression) mais également avec des maladies neurodégénératives comme la maladie de Parkinson. L’exploration de ces relations avec les maladies neurodégénératives et neuropsychiatriques est encourageante, laissant supposer que le rétablissement du déséquilibre de la flore intestinale ou son renforcement pourrait ouvrir de nouvelles voies thérapeutiques.
Les probiotiques et les prébiotiques font ainsi l’objet d’études croissantes pour leurs effets bénéfiques sur la santé mentale . En restaurant l’équilibre microbien, ces substances seraient en mesure d’atténuer certains symptômes liés au stress ou à l’anxiété en agissant directement sur les voies biochimiques reliant l’intestin au cerveau. Ceci dit, les recherches sur le rôle du microbiote dans les maladies neurodégénératives nécessitent encore davantage d’investigations pour être comprises.
Les stratégies d’intervention et les perspectives d’avenir
Pour soutenir et améliorer la santé du microbiote intestinal, plusieurs stratégies peuvent être envisagées. La plus simple et efficace consiste à adopter une alimentation variée et riche en fibres, avec fruits, légumes, légumineuses et céréales complètes afin de favoriser la croissance des bactéries « saines » et maintenir ainsi un microbiote diversifié.
Les suppléments probiotiques ou prébiotiques constituent une autre stratégie prometteuse pour moduler le microbiote, tout comme la transplantation fécale qui commence à montrer un potentiel thérapeutique intéressant. Les probiotiques sont des préparations contenant des souches spécifiques de bactéries bénéfiques, alors que les prébiotiques sont des fibres alimentaires qui nourrissent les bonnes bactéries déjà présentes dans l’intestin. On commence également à étudier les bénéfices de la transplantation de microbiote fécal provenant d’un donneur bénéfiques pour différentes pathologies. Dans chacun de ces cas, il est cependant important de choisir des produits bien étudiés et de qualité afin qu’ils soient efficaces.
Avenir : l’élaboration de traitements personnalisés basés sur le profil microbien individuel est l’une des voies envisagées par les chercheurs. Grâce aux nouvelles technologies de séquençage rapide de l’ADN et à l’étude du métabolome (l’ensemble des métabolites présents dans les tissus), il sera possible d’analyser les différents déséquilibres « microbiotesque » dont souffre chaque individu afin de développer des solutions adaptées. Cette approche pourrait transformer notre façon d’aborder la prévention et le traitement des maladies liées au microbiote en utilisant le microbiote comme biomarqueur impliqué dans une approche nutritionnelle plus individualisée.